Chapitre 1 : La révolution de 1789
Du positionnement géographique à la fracture idéologique
La révolution française n’a pas été de nature socialiste ; Elle consacre la prééminence de la bourgeoisie qui, par-delà la succession des régimes, exerce de plus en plus la réalité du pouvoir. Elle ouvre même la voie au capitalisme dans notre pays. Avec la destruction du féodalisme, et l’abolition des privilèges qui caractérisaient la société de l’ancien régime, l’assemblée constituante introduit en quelques mois la liberté des prix et du commerce, la dissolution des corporations, l’interdiction des coalitions pour les patrons et les ouvriers, donc du syndicalisme, avec la loi Le Chapelier, du 14 juin 1791. Cette loi n’a été abrogée que sous le second empire en 1864.
La déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 aout 1789 n’établit que l’égalité en droits et définit comme droits naturels, la liberté, la propriété, la sureté et la résistance à l’oppression.
Mais en même temps, elle présente un bouleversement considérable. En une vingtaine d’années, un ordre social est refondé, et le fondement de la légitimité du pouvoir fermement établi dans le peuple, même lorsque celui-ci en est écarté de fait. La constitution de 1791 distingue ainsi des « citoyens actifs », qui ont le droit de vote, des « citoyens passifs » qui ne l’ont pas, selon qu’ils sont ou non propriétaires ;
La convention montagnarde, en 1793 et 1794, représente le « moment démocratique »de la révolution. La constitution de 1793 instaure le suffrage universel, même s’il est loin de l’être dans la pratique des élections. Surtout ces deux années mettent au premier plan la question social Jacques Roux, Théophile Leclerc et le mouvement hébertiste opposent les pauvres victimes de la crise des subsistances , aux nouveaux riches, marchands et industriels. Ils demandent l’intervention de l’état. Ils seront arrêtés et exécutés. Robespierre et les jacobins n’ont jamais voulu une révolution sociale égalitaire. Ils demeurent attachés à la propriété. Mais la guerre et ses nécessités amènent l’état à prendre en main des éléments de production industrielle. La chute de Robespierre et la fin de la terreur mettent un terme aux espoirs d’égalité des plus humbles. La réaction thermidorienne, par la suite le directoire accentuent une politique favorable aux intérêts de la bourgeoisie. Ainsi, la révolution ne préfigure pas le socialisme. Elle est essentiellement une révolution politique. Mais elle donne une consistance à une tradition démocratique radicale qui, à la fois, conduit nombre de ses partisans par la suite vers des formes de socialisme et amène les premiers penseurs socialistes à se définir par rapport à elle pour mettre en évidence ses insuffisances.
Pour la petite histoire, la révolution de 1789 est bien à l’origine du clivage droite / gauche. L'origine historique de ce clivage se trouve dans un vote ayant eu lieu en France à l’assemblée nationale d'août-septembre 1789. Lors d'un débat sur le poids de l'autorité royale face au pouvoir de l'assemblée populaire dans la future constitution, les députés partisans du veto royal (majoritairement ceux de l'aristocratie et du clergé) se regroupèrent à droite du président (position liée à l'habitude des places d'honneurs). Au contraire, les opposants à ce veto se rassemblèrent à gauche sous l’étiquette de «patriotes» (majoritairement le Tiers état).