Déclaration de M. François Mitterrand
À l’annonce de son élection à la Présidence de la République
Château-Chinon, dimanche 10 mai 1981
Les résultats qui me sont communiqués à l’heure où je m’exprime annoncent que les Françaises et les Français ont choisi le changement que je proposais.
Cette victoire est d’abord celle des forces de la jeunesse, des forces du travail, des forces de création, des forces du renouveau qui se sont rassemblées dans un grand élan national pour l’emploi, la paix, la liberté, thèmes qui furent ceux de ma campagne présidentielle et qui demeureront ceux de mon septennat.
Elle est aussi celle de ces femmes, de ces hommes, humbles militants pénétrés d’idéal, qui dans chaque commune de France, dans chaque ville, chaque village, toute leur vie, ont espéré ce jour où leur pays viendrait enfi n à leur rencontre.
À tous je dois et l’honneur et la charge des responsabilités qui désormais m’incombent. Je ne distingue pas entre eux. Ils sont notre peuple et rien d’autre. Je n’aurai pas d’autre ambition que de justifi er leur confi ance.
Ma pensée va en cet instant vers les miens aujourd’hui disparus, dont je tiens le simple amour de ma patrie et la volonté sans faille de servir. Je mesure le poids de l’histoire, sa rigueur, sa grandeur. Seule la communauté entière pourra répondre aux exigences du temps présent. J’agirai avec résolution pour que, dans la fidélité à mes engagements, elles trouvent le chemin des réconciliations nécessaires. Nous avons tant à faire ensemble et tant à dire aussi.
Des centaines de millions d’hommes sur la terre sauront ce soir que la France est prête à leur parler le langage qu’ils ont appris à aimer d’elle.
Mesdames et messieurs, j’ai une autre déclaration brève à faire. À Monsieur Giscard d’Estaing, que je remercie de son message, j’adresse les voeux que je dois à l’homme qui, pendant sept ans, a dirigé la France. Au-delà des luttes politiques et de nos contradictions, c’est à l’histoire qu’il appartient maintenant de juger chacun de nos actes.
Merci.