Message de M. François MITTERRAND
Président de la République française
À l’occasion du 10ème anniversaire du congrès d’Epinay
Jeudi 11 juin 1981
Chers Camarades,
Une seule décennie, c’est très court quand il s’agit de l’histoire.
Dix ans se sont écoulés depuis que nous avons pris ensemble la résolution d’unir les socialistes et de rassembler la gauche pour remettre la France à l’heure de son peuple.
Ces dix années cependant ont pu paraître longues surtout aux plus jeunes d’entre vous et face aux durs assauts de ceux qui ont tenté d’interrompre ou de détourner cette marche en avant et qui ne venaient pas tous, dans les dernières années, de l’horizon que l’on guettait.
Mais l’étape a été franchie et le pari gagné.
Et voilà que les espoirs renouvelés d’un socialisme - notre socialisme - venu du fond de notre histoire, né depuis plus de 150 ans, qui a su, à EPINAY, retremper ses forces et reprendre son plein sens au point d’être la seule idée neuve en Europe, s’offre aujourd’hui, bien au-delà de lui-même, à l’aspiration nationale et nous dicte de plus hauts devoirs.
Nous avions dit que nous avions vocation à gouverner. Mais votre rôle ne s’arrête pas là. Vous êtes aujourd’hui le premier parti d’une France en voie de transformation, d’autant plus nécessaires qu’elles furent plus longtemps retardées.
Il vous appartient de saisir, voire de pressentir, ces transformations là où encore latentes elles se cherchent dans le mouvement social et de les conduire à la conscience de soi, à la lumière pour que rien n’en soit perdu ni gaspillé.
Le lien que vous avez su établir entre l’exigence de la liberté et l’aspiration à l’émancipation culturelle sociale et économique des hommes et des femmes de notre temps, doit être par-dessus tout préservé, maintenant que vos rangs vont s’ouvrir des milliers et des milliers de Français et de Françaises, venus notamment du monde du travail. Nul doute qu’ils ne prolongent demain leur vote par leur adhésion à nos convictions. Sachez ne pas décevoir leur espérance et leur tracer son nouveau cours.
L’unité à l’intérieur du parti et loin à l’entour, voilà le maître mot d’EPINAY. Il n’a rien perdu de sa force, au long des dix ans passés. Il est plus que jamais indispensable pour rassembler les énergies au seul service de notre peuple et faire que selon son rythme et quelles que soient les diffi cultés rencontrées, la France retrouve son élan.
Dans le monde, des masses immenses d’hommes et de femmes attendent beaucoup de notre entreprise. Elles attendent clé la France qu’elle reprenne sa vocation, sa tradition de liberté et de justice. Cette tradition qui est la sienne le parti socialiste doit en demeurer le dépositaire exemplaire. Ne vous laissez pas plus griser far le succès que vous n’avez été ébranlée et ne le seriez par tel ou tel revers.
Gardez vivante la mémoire des luttes de notre peuple;
Le Socialisme - nous le sentons mieux que jamais - dépasse, chers camarades, le cadre de chacune de nos existences, il marque notre présent et inspire l’avenir.