"Le 11 septembre ,c'est aussi ! "
Le 9 septembre, le passage à l'acte est fixé par les chefs de l'armée de terre et de mer pour le 11 septembre 1973.
En septembre 1973, comme chaque année, l'US Navy
et la marine chilienne organisent des manœuvres communes. Les troupes
d'infanteries de marine passent ainsi la journée du 10 septembre 1973
avec quatre navires de la Navy au large de Valparaíso ce qui leur fournit un alibi afin de ne pas attirer l'attention sur les préparatifs du putsch.
De retour à Valparaíso, les troupes d’infanterie de marine coupent les
communications. L'amiral loyaliste Monteiro est placé en état
d'arrestation. À 3 heures du matin, le 11 septembre, Valparaíso est aux
mains des putschistes sans coup férir.
À 6 heures du matin, l'opération militaire s'étend à tout le pays et se réalise sans résistance, à l'exception de Santiago.
Le 11 septembre 1973, à 9 heures du matin, la Moneda
(siège de la présidence chilienne) est assiégée par l'armée de terre
sous le commandement du général Pinochet. Salvador Allende est
retranché, depuis 7 heures du matin, dans le palais présidentiel, avec
42 de ses gardes fortement armés. Le vice-amiral Patricio Carjaval lui
propose alors par téléphone un sauf-conduit pour quitter le Chili sain
et sauf avec sa famille. Mais il refuse, déclarant que « le président de
la République élu par le peuple ne se rend pas »et convaincu qu’il s’agit d’un piège. Il fait néanmoins évacuer sa famille et le personnel.
Peu avant midi, deux avions de chasse de l’armée bombardent la Moneda à
coups de roquettes. Les chars suivent peu après. À 14 heures, le palais
est envahi mais Salvador Allende est déjà mort. Il s’est suicidé à
l'aide d'une arme automatique.
La junte militaire est dirigée par un conseil de quatre officiers :
- Augusto Pinochet pour l'armée de terre (30 000 hommes) ;
- Gustavo Leigh Guzmán pour l'armée de l'air (9 000 hommes) ;
- José Toribio Merino Castro pour la marine (15 000 hommes) ;
- César Mendoza Durán pour la police nationale appelée carabineros (30 000 hommes).
À sa prise de pouvoir, Pinochet fait en sorte d'être seul à la tête du conseil. Il s'attache aussitôt à consolider son pouvoir.
Destruction de la littérature de gauche par les soldats de l'armée chilienne
Le stade national et le stade Chili sont temporairement transformés en d'immenses prisons, où les prisonniers sont torturés et parfois exécutés sommairement. 130 000 personnes sont arrêtées en trois ans, dont des dizaines de milliers dans les premiers mois. Les exécutions qui suivent le coup d'État sont alors très nombreuses. Une note interne à la junte militaire établit à 320 le nombre des exécutions ayant eu lieu dans la période du 11 au 30 septembre. Le département américain lui-même intervient pour demander que les exactions cessent mais celles-ci se poursuivent durant la fin de l'année 1973, puis pendant toute la durée de la dictature.
En faisant du général Pinochet le chef suprême de la nation en 1974, la junte n'envisage pas de rendre à brève échéance le pouvoir aux civils, et ne souhaite pas rétablir la constitution de 1925.
Le Congrès dissout, les syndicats interdits, la presse censurée, l'armée concentre dorénavant tous les pouvoirs. Gouvernant à l'aide de décrets, le régime se constitutionnalise en 1980 et reste autoritaire avec un président qui nomme les ministres, contrôle l'appareil judiciaire et commande les armées.
D'après l'historien Jorge Magasich, pour justifier le coup d'État, quelques jours après son exécution, le nouveau pouvoir prétend avoir découvert l'existence d'un plan du gouvernement Allende (le « plan Z ») d'« auto-coup-d'État ». Ce plan, prévu, d'après la junte militaire, pour le 19 septembre, aurait consisté en des assassinats de dirigeants de l'armée et de l'opposition ainsi que de journalistes, suivit de la proclamation de la « République populaire démocratique du Chili ».